Depuis des décennies, les chercheurs tentent de comprendre comment notre cerveau distingue ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. Pourtant, les neurosciences modernes, notamment en France, montrent que cette frontière est bien plus floue qu’on ne le croit. Entre perception, imagination et souvenir, les mécanismes neuronaux s’entremêlent à un point tel que, parfois, notre cerveau traite une fiction comme une expérience vécue.
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Quand le cerveau crée sa propre réalité
Dans un laboratoire parisien, des neuropsychologues observent des volontaires immergés dans des expériences de réalité virtuelle. Leurs cerveaux réagissent comme s’ils vivaient véritablement ces situations : accélération du rythme cardiaque, production d’adrénaline, contractions musculaires… L’imaginaire devient palpable.
Ces réactions prouvent que, pour le cerveau, l’important n’est pas la source de l’expérience, mais la manière dont elle est perçue. Si une image ou une idée active les mêmes circuits neuronaux qu’une situation réelle, le cerveau réagit de façon identique.
Ainsi, lorsque nous rêvons de tomber, la sensation de vertige est authentique. Lorsque nous imaginons une conversation avec une personne aimée, les zones du langage et de l’émotion s’activent comme si elle se déroulait réellement.
Les zones de la confusion entre le réel et le mental
Les chercheurs du CNRS et des universités françaises s’intéressent particulièrement à deux régions cérébrales : le cortex préfrontal et l’hippocampe.
Le premier joue un rôle essentiel dans la prise de décision et la distinction entre le possible et le réel. Le second, lié à la mémoire, enregistre les souvenirs et les émotions.
Mais ces deux zones ne fonctionnent pas toujours de concert. Lorsqu’une personne imagine une situation de manière suffisamment précise, l’hippocampe peut « enregistrer » cette scène comme un souvenir réel. C’est ce qu’on appelle le phénomène de faux souvenirs.
Des expériences menées en France ont montré qu’en décrivant à un individu un événement fictif de son enfance avec des détails convaincants, on pouvait lui faire croire, en quelques semaines, qu’il l’avait réellement vécu.
L’imagination, une arme à double tranchant
Ce pouvoir du cerveau à créer des réalités subjectives est à la fois une force et une faiblesse.
D’un côté, il nourrit la créativité, l’apprentissage, la projection dans l’avenir. Les artistes, écrivains et inventeurs exploitent cette capacité à « vivre » leurs idées avant même qu’elles ne prennent forme.
De l’autre, elle peut devenir source d’erreurs et d’illusions. Les patients atteints de certaines pathologies neurologiques, comme la schizophrénie, voient cette frontière entre réel et imaginaire s’effacer presque complètement.
Les neuropsychologues français cherchent donc à comprendre ce fragile équilibre. Ils étudient comment l’entraînement mental, la méditation ou même la thérapie par l’imagination peuvent renforcer le contrôle conscient sur les images mentales.